La responsabilité parentale, selon la loi suédoise

Papa babybjörn
©Melker Dahlstrand/imagebank.sweden.se

La Suède est souvent prise en exemple pour ce qui est de l’éducation des enfants et des relations parents-enfants, entre autre dans le contexte du débat sur la « violence éducative » en France. Mais qu’en est-il vraiment en Suède, que dit la loi suédoise ?

À la maternité

La grande bienveillance éducative suédoise commence dès les premières secondes de la vie du nouveau-né directement après l’accouchement. Sitôt né, encore relié à sa mère par le cordon ombilical, le nourrisson est délicatement posé peau contre peau sur la poitrine nue de sa maman. Ces deux-là se connaissaient in-utero et s’apprivoisent doucement en se humant, en s’empreignant de leurs odeurs respectives. Ce moment rare est très important dans le développement du lien inéluctable qui va désormais les unir à vie. Les  recherches en néonatalogie suédoises ont montré que ce phénomène d’instinct de survie, l’établissement de liens émotionnels très forts dès la naissance avec la mère (anknytning) bien sûr mais également avec les autres adultes et enfants de son entourage, est primordial pour que le petit puisse se construire harmonieusement. C’est pourquoi, dans les maternités suédoises, le nouveau-né n’est pas séparé de sa mère pour être lavé, pesé, mesuré tout de suite après son arrivée au monde, mais laissé tranquille dans son processus d’adaptation et de découverte.

Le co-dodo

En Suède, le co-dodo est très répandu, pour faciliter l’allaitement bien sûr et les tétées fréquentes pendant la nuit. Ce mode de couchage — les parents et le bébé partageant le même lit — renforce le lien et diminue les angoisses du nourrisson, lequel, constamment sous la vigilance de ses parents, est moins sujet à des accidents. Son rythme est ainsi respecté et sa toute jeune personne également, il est déjà un citoyen avec des droits. Son premier droit étant d’être assuré par la loi de grandir sans violences physiques ni psychologiques.

Père et ses enfants
©Kristin Lidell/imagebank.sweden.se

La responsabilité parentale

En effet, la loi interdisant les châtiments corporels aux enfants existe en Suède depuis 1979.​ ​Contrairement à la France qui permet encore aux parents de taper et d’humilier leurs enfants et cela sous couvert de vertus éducatives, la loi suédoise protège ses plus faibles et plus jeunes citoyens. La loi suédoise précise que les enfants ont droit aux soins et au respect, à la sécurité et à une bonne éducation. En Suède, il est interdit donc d’utiliser les violences physiques ou morales dans l’éducation des enfants. Toutes formes de violences et châtiments corporels y compris petites tapes, gifles et fessées sont contraires à la loi du Code des Parents, Föräldrabalken. De même, les violences morales et psychologiques, toutes les manières de menacer, de faire peur, de contrôler et d’humilier une autre personne mineure ou non d’ailleurs. Le dialogue et la confiance, clés de voûte du système éducatif suédois prônent le respect mutuel et l’empathie.

Chaque adulte doit intervenir et saisir les autorités de protection de l’enfance en cas de suspicion de maltraitance d’enfant dans son entourage. Une infraction est commise lorsque quelqu’un fait quelque chose de puni par la loi. Si vous êtes témoin d’une infraction, vous devez porter plainte à la police. On peut contacter Bris (organisation pour le respect des droits de l’ enfant), de manière anonyme si on le souhaite, au 0771-50 50 50 de 9h à 12h . Il existe également un numéro destiné aux enfants : 116 111.

Réinventer l’éducation

La psychologie moderne et les neurosciences ont apporté de nouvelles connaissances sur le développement de l’enfant et sur les relations humaines. Le concept de respect de l’intégrité personnelle de chacun, y compris du très jeune enfant, s’est également progressivement imposé. La Suède, société évoluée, est confrontée au défi de réinventer la façon d’élever ses enfants dans le sillage du grand thérapeute familial et pédagogue Jesper Juul. Ses ouvrages, véritable référence en matière d’éducation à la scandinave, sont traduits en français.

Nous nous construisons tous dans l’interaction avec les autres ; prenons donc le temps de tisser des liens forts avec les enfants, pour leur épanouissement et le nôtre. Car comme le dit Jesper Juul :

« La meilleure ambition que les parents puissent avoir, c’est d’apprendre à connaître leur enfant aussi bien que possible. »

A propos Sylvie R 181 Articles
En Suède depuis plus d' une trentaine d'années, j'ai habité Uppsala, Ultrå à côté d'Örnsköldsvik et Torserud dans le comté de Värmland, vit depuis 20 ans à Nacka. Après trois décennies comme enseignante titulaire au Lycée Français Saint-Louis, je suis doula, coach de grossesse et accouchement à Stockholm. J'adore écrire et aime partager mes bons plans et bons coins en Suède.

2 Commentaires

  1. Bonjour
    formatrice en france dans le VAR, je souhaiterai organiser un voyage d’étude avec mes étudiants en travail social pour étudier l’éducation non violente. .
    je suis à la recherche d’un correspondant qui puisse nous aiguiller voir nous soutenir dans l’élaboration de ce projet et nous accompagner.
    en vous remerciant

    • Bonjour Séverine, le plus simple serait peut-être de rendre visite à une école maternelle suédoise (« förskola »). Évitez peut-être les écoles internationales, pour vous retrouver dans un environnement aussi suédois que possible — il vous faudra alors parler anglais. Les écoles en Suède étant l’affaire de la commune, tournez-vous vers la commune de votre choix.

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