Success story à la suédoise : les startups dans les starting blocks

Femme devant une porte jaune brandissant un téléphone
©Michelle Cassar/Unsplash

Vous en êtes sûr, vous avez l’idée business du siècle ! Et vous vivez en Suède ? Alors vous êtes au bon endroit : lancez-vous sans plus attendre dans la grande aventure de la startup, le nouveau fer de lance de l’économie suédoise. Spotify, Minecraft, Skype, Klarna… Parmi toutes les success stories de la tech-économie, les startups suédoises sont de redoutables pionnières !

Un pays féerique peuplé de licornes

Les “licornes”, ce sont ces entreprises prometteuses, valorisées à plus d’un milliard de US dollars. Alors que la France en compte trois, la Suède en dénombre… sept ! Ramené au nombre d’habitants, cela fait du pays le deuxième producteur mondial de licornes, juste derrière la Silicon Valley, rien que ça !

La Suède compte plus de 40 pôles d’innovation. À Stockholm, 30 incubateurs sont dénombrés pour 800 000 habitants, soit 10 de plus qu’à Paris et ses 7 millions d’habitants. Dire de la Suède qu’elle est le pays rêvé pour créer une startup est un doux euphémisme… mais comment l’expliquer sans avoir recours à la magie rose de ces gentilles bébêtes cornues ?

Le goût de l’innovation

La Suède a un attrait certain pour l’innovation et était en 2016 le troisième pays de l’OCDE en termes de dépenses en Recherche et Développement avec 3,2 % de son PIB. Elle se classe par ailleurs selon l’Organisation Internationale de la Propriété Intellectuelle au dixième rang mondial pour le nombre de brevets déposés. Les mauvaises langues diront que les longs hivers suédois laissent aux Géo Trouvetou le temps de se creuser les méninges pour potasser leur concept, ce qui n’est peut-être pas totalement faux, avouons-le…

Bureau
©Chris Knight/Unsplash

Des coups de pouce de l’état, façon “like”  

Certes, certes, mais surtout, les entrepreneurs peuvent compter sur des démarches facilitées par l’état suédois en termes de création d’entreprise. Quelques heures suffisent pour créer sa boîte par le biais d’un formulaire en ligne, c’est d’une simplicité enfantine. Côté administratif, il y a également peu de bureaucratie, le pays fonctionne essentiellement grâce aux services en ligne qui ne laissent pas beaucoup de marge de manœuvre ni de souplesse, mais empêchent tout malentendu ou autre embrouille, la corruption étant de toute manière un concept assez flou en Suède… Enfin, avec un taux de croissance de 2,4% en 2017 et une économie libérale succédant à un État providence qui a laissé quelques traces dans la mentalité du pays, le gouvernement suédois promeut et crée des conditions plus que favorables aux entrepreneurs. Le taux d’imposition est plus faible pour les startups les premières années (22 %) et des subventions peuvent leur être accordées. 

Un accompagnement non virtuel

Aux réductions et aides fiscales s’ajoute la création d’agences publiques d’aide au financement comme Tillväxtverket ou Vinnova et, depuis une décennie, on peut observer un développement du secteur du capital-risque privé puisque que de plus en plus, les investissements sont considérés comme attrayants. En outre, en cas de faillite, les startups en difficulté peuvent bénéficier d’un soutien financier. L’aide aux startups ne se limite pas qu’aux sous. Les organismes publics tels que l’agence suédoise pour l’énergie Swedish Energy Agency, l’agence nationale pour l’innovation Vinnova, Business Sweden pour l’international, ou encore l’association des incubateurs suédois et parcs scientifiques, SISP, favorisent l’implantation des startups avec moult conseils et formules d’accompagnement. On trouve aussi des plateformes de mise en contact de startups comme Ignite Sweden, des prix, des événements, des rencontres tels que Sthlm Tech Week en septembre, Nordic Startup Awards en octobre ou encore Serendipity Challenge en avril. De plus, le réseautage est extrêmement bien vu et grandement encouragé dans la culture des startups. Sur Facebook ou internet, elles s’affichent et se rendent accessibles : la liste des startups est en ligne, la communauté des start-ups est active sur Facebook et possède même son propre site internet Startupstockholm.

©Franck V/Unsplash

Une société digitale pour une vie décomplexée

Si tous ces points permettent la création d’une startup le cœur léger, il existe d’autres données qui font que la Suède est LE pays pionnier en matière de développement. Tout d’abord, c’est un pays ultra connecté et cela ne date pas d’hier. 95 % de la population a aujourd’hui accès à internet. Rappelons que Ericsson a permis à la Suède d’être le pays possédant le plus de lignes téléphoniques au début du XXème siècle. Dans les années 1990, l’État a favorisé l’acquisition d’ordinateurs dans les foyers tandis que Stockholm a investi massivement dans la connexion à haut débit. La 5G pour tous est un objectif pour 2025. La consommation internet est élevée même chez les personnes âgées. Alors forcément, c’est ensuite plus simple de proposer des services numériques basés sur les nouvelles technologies puisque tout le pays ne demande qu’à s’en servir !

Aucun domaine n’est épargné : l’argent avec Izettle ou Swish, la santé en ligne avec Kry ou Mindoktor, le transport ou les nouveaux circuits de distribution… Les services innovants renouvellent les industries classiques sans rebuter personne et semblent même simplifier la vie de chacun. Que demander de plus ? De plus, l’amour des nouvelles technologies se cultive dès le plus jeune âge. En raison de leur accessibilité, elles font partie intégrante de la vie des plus jeunes, par exemple dès le dagis sous forme d’outils pédagogiques. Elles n’effraient donc plus grand monde arrivé à l’âge adulte. 

La mentalité suédoise adaptée au high-tech

La Suède se démarque par de bonnes formations en ingénierie et en design et par des cours d’entrepreneuriat enseignés dès le primaire. L’esprit d’initiative est largement encouragé. N’importe qui peut, s’il a une bonne idée, prétendre qu’elle est vouée au succès et par conséquent se lancer dans l’aventure. Côté entrepreneurs, on aime bien l’esprit suédois. Calme, créativité, goût pour le design, sens pratique et esprit de groupe semblent être un trait commun recherché par la plupart des patrons de startups. La culture du dialogue, le fameux consensus et le principe de remise en question ainsi que les échanges horizontaux favorisent la mise en route de ces entreprises décomplexées. La réputation de la Suède fait mouche auprès des futurs chefs d’entreprise : efficacité, qualité des services, vie équilibrée dans un pays qui fonctionne plutôt bien constituent des paramètres qui enlèvent du stress au stress au moment de se lancer.

©Marvin Meyer/Unsplash

L’ouverture au vaste monde

Pas de problème de langue en Suède : l’anglais est parlé en majorité par les Suédois, et puis c’est la langue officielle du monde des licornes et des startups. Mais si l’envie tenace de pratiquer le suédois se fait sentir, les étrangers ont droit à des cours de suédois gratuits via le SFI. De quoi devenir trilingue rapidement et pourquoi pas, s’en inspirer pour développer une nouvelle app performante ! Avec seulement 10 millions d’habitants, la Suède constitue un petit marché. Loin d’être un handicap, cela en fait un parfait terrain de jeux pour tester des idées au niveau local sur un marché à taille réduite mais fortement connecté. Pour ne pas rester Petit Poucet, une fois l’idée validée, c’est parti ! Les entrepreneurs doivent avoir des ambitions internationales et se lancer hors frontières. Attention toutefois à l’étude de marché qui doit permettre d’adapter son offre loin des spécificités du marché suédois, sinon c’est le casse-pipe assuré ! 

Startups et séduction

Forte de tous ces atouts, la Suède constitue une destination de choix pour créer sa startup. Restent toutefois quelques obstacles à surmonter pour que le petit royaume donne vraiment toutes ses chances au produit et pour séduire définitivement les jeunes talents de tous horizons : l’embauche des profils étrangers devrait pouvoir être facilité et la fiscalité des jeunes entreprises encore allégée. Et pour être honnête, il reste un problème de taille en terme d’accueil, celui du logement, qui rend la capitale beaucoup moins attrayante en comparaison avec d’autres villes européennes. Et puis les hivers, longs, très longs, même s’ils permettent de développer idées et concepts, peuvent rebuter… À quand la prochaine startup qui transforme les flocons de neige en idées lumineuses ?

©Bethany Legg/Unsplash

Quelques noms parmi les plus grandes startups suédoises…

  • Skype : outil de communications vidéo en ligne, créée en 2003
  • King : applications et jeux en ligne dont Candy Crush, créée en 2003
  • Klarna :  service bancaire proposant des solutions de financement en ligne, créée en 2005
  • Izettle : solutions de paiement mobiles, créée en 2005
  • Spotify :  musique en streaming, créée en 2006
  • Mojang : développeur de jeux vidéo dont Minecraft, créé en 2010

Et les petites nouvelles les plus prometteuses… 

  • Detectify : outil SaaS aux entreprises pour évaluer la vulnérabilité de leur site Web, créée en 2013.
  • Mapillary : plateforme de partages d’images géo-ocalisées, créée en 2013.
  • Natural Cycles : application « contraceptive »  qui calcule la période de fertilité des utilisatrices, créée en 2013.
  • Furhat : robot combinant un logiciel de parole de pointe avec une animation faciale, créé en 2014.
  • Transfer Galaxy : un service de transfert d’argent à faible coût disponible dans 25 pays d’Europe et d’Afrique, créé 2014.
  • Tessin : plateforme de financement participatif axée sur les projets immobiliers, principalement dans le logement, créée en 2014.
  • Kry : service de consultations médicales en vidéo en ligne, créé en 2014.
  • DPOrganizer : plate-forme évolutive qui aide les entreprises européennes à se conformer au RGDP, créée en 2015.
  • Karma : plateforme de revente d’invendus alimentaires (restos et boutiques) à prix cassés, créée en 2015.
  • Trine : plateforme de crowdfunding pour des projets solaires dans les pays en voie de développement, créée en 2015.
  • Sana Lab : plateforme d’intelligence artificielle conçue pour individualiser l’apprentissage d’un élève, créée en 2016.
  • Hedvig : plateforme regroupant les polices d’assurance de l’utilisateur, facilitant ses démarches, créée en 2016.
  • Baffin Bay Networks : réseau de centres de protection contre les cyber-menaces pour les entreprises, créée en 2017.
A propos Anne D 33 Articles
Basée à Stockholm depuis 2008, Anne aime observer ce qui l'entoure, expérimenter (même après toutes ces années !) l'exotisme des supermarchés et évoquer les décalages de la vie suédoise prêtant à sourire ou à réfléchir.

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