Marion Brunet, prix Astrid Lindgren Memorial Award 2025

Après Jean-Claude Mourvelat en 2021, Marion Brunet est la deuxième Française à remporter le prix commémoratif Astrid Lindgren (ALMA) pour l’ensemble de son œuvre. Elle a reçu son prix le 9 juin 2025, ainsi qu’une dotation de 5 millions de couronnes suédoises, soit environ 462 000 euros

 Le prix Astrid Lindgren Memorial Award

Le prix Astrid Lindgren Memorial Award est la récompense internationale la plus prestigieuse pour la littérature jeunesse, décernée par le Conseil des arts suédois (Kulturrådet) et dotée de cinq millions de couronnes (environ 450 000 euros).

Motivation du Jury

« Marion Brunet décrit d’une plume éblouissante la réalité des jeunes dans un monde de plus en plus matérialiste et menaçant. Le présent et le futur s’entrelacent dans ses récits lumineux, où les frontières de l’amitié et de l’amour sont constamment mises à l’épreuve. Son œuvre plonge au cœur de notre époque. » – Boel Westin, Présidente du jury

«Marion Brunet est une auteure française qui a fait ses débuts en 2013 avec le roman pour jeunes adultes « Frangine ». Dans ses livres, elle met en lumière des sujets de société brûlants et dépeint des jeunes en pleine rébellion avec beaucoup de sensibilité. Elle est contemporaine dans le choix de ses sujets mais intemporelle dans les liens que les textes entretiennent avec les contes de fées et les grands mythes.

Autrice de romans policiers, de littérature d’enfance et de jeunesse française, Marion Brunet s’intéresse en particulier à l’adolescence, une période de vie qu’elle aborde dans toutes ses œuvres. De roman noir en roman social, elle explore le passage à l’âge adulte. »

Biographie et bibliographie

Née en 1976 dans le Vaucluse au cœur d’une famille d’éducateurs spécialisés, Marion Brunet est passionnée par les livres, les bandes dessinées et la littérature, et elle se met rapidement à écrire. En 1998, sa première nouvelle, Olga, paraît dans la revue littéraire Dessert. Après des études de lettres, puis des voyages à Madagascar et à Budapest, elle suit les traces de ses parents et se met à travailler, durant plusieurs années, comme éducatrice spécialisée en foyer d’accueil pour enfants avant d’exercer en hôpital de jour pour les adolescents. C’est en 2013 qu’elle publie son premier roman, Frangine, à destination des adolescents, où elle aborde les thématiques de la PMA et de l’homophobie.

Dans ses romans suivants, Marion Brunet continue à évoquer la vie d’adolescents confrontés à différentes problématiques sociales. En 2018, elle est lauréate du grand prix de littérature policière pour L’Été circulaire, qui est également le Choix des libraires en 2019. L’année suivante, Sans foi ni loi revisite les codes du western avec une héroïne hors-la-loi : elle obtient la Pépite d’or 2019 du salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Après Vanda en 2020, Plein gris en 2021 ou encore Nos armes en 2024, elle publie les deux premiers tomes de sa nouvelle trilogie, Ilos, qui mêle thriller et dystopie. Marion Brunet anime également des ateliers d’écriture au sein d’une compagnie théâtrale pour les comédiens et divers groupes d’écoliers et de collégiens.

 

Plein gris, « Grått i hav », traduit en suédois, aux éditions piraförlaget

Visite de l’école d’Astrid Lindgren à Vimmerby

La lauréate a visité l’école d’Astrid Lindgren à Vimmerby, où les élèves ont chanté et présenté des villes durables en carton qu’ils avaient construites. L’enseignante Madde Knutsson a déclaré trouver formidable la visite de l’auteure à l’école et estime que c’est une opportunité unique pour les élèves.

« Écrire est le plus beau métier du monde. C’est fantastique de pouvoir créer un lien avec ses lecteurs et d’inventer de nouveaux univers. Petite, j’ai commencé à écrire des petites histoires dans des carnets et ça a continué comme ça », raconte Marion Brunet .

Elle dit puiser son inspiration partout et établit un parallèle avec Emil de Lönneberga. – « C’est un peu comme Emil de Lönneberga quand il siffle. On ne siffle pas, ça arrive comme ça. C’est un peu pareil quand j’ai des idées pour mes livres. Parfois, une idée me vient sans que je sache pourquoi. Ce que j’aime dans l’écriture, c’est que je peux me plonger dans une histoire que j’écris et oublier tout ce qui m’entoure. »

Photos et films Noémie Green

Elle a cité Astrid Lindgren et déclaré « C’est un grand honneur et une belle reconnaissance pour mon travail » de recevoir ce prix international. 

Questions / réponses de la lauréate au comité ALMA

Vous avez reçu plusieurs prix littéraires en France. Que représente pour vous le prix Astrid Lindgren ?

– Recevoir ce prix international, le plus grand prix du livre jeunesse, et avec autant de nominations, est une grande source de fierté. C’est une grande reconnaissance pour moi et mon écriture, et c’est également important pour la littérature jeunesse en général. J’espère que ce prix contribuera à accroître la notoriété du livre jeunesse en France.

Avez-vous un personnage préféré parmi les personnages d’Astrid Lindgren ?

– Je ne connais pas très bien l’œuvre d’Astrid Lindgren dans son intégralité. Mais enfant, j’aimais beaucoup Emil de Lönneberga. Je n’ai cependant pas lu Fifi Brindacier. Cependant, j’éprouve un profond respect et une grande affinité pour les valeurs fondamentales d’Astrid Lindgren, que je partage à bien des égards : le sens de l’égalité et l’engagement envers la nature.

Pourquoi la littérature jeunesse est-elle importante et comment est-elle traitée aujourd’hui, par exemple en France, votre pays d’origine ?

– La littérature jeunesse joue un rôle central pour les enfants, elle enrichit leurs expériences et les invite à la rencontre avec l’art. En France, cependant, la littérature jeunesse doit être prise plus au sérieux et mise sur un pied d’égalité avec la littérature pour adultes. Il reste encore beaucoup à faire. Certains ne lisent que mes livres pour adultes et jamais mes livres jeunesse. Ils ne veulent pas voir le lien entre ma production pour adultes et celle pour enfants. L’environnement, et plus particulièrement la nature, occupe une place importante dans mes livres.

Comment percevez-vous la nature et son rôle dans vos œuvres ?

– Ce qui me semble particulièrement important et que j’essaie de transmettre dans mes histoires, c’est la relation entre les sensations corporelles et la nature. Le corps est central et participe à une interaction entre l’extérieur et l’intérieur. L’être humain est affecté émotionnellement et physiquement par la nature. Certains disent même avoir le mal de mer en lisant Grått hav. Dans L’été circulaire, la chaleur accablante et le soleil brûlant influencent directement les actions des personnages. J’essaie de montrer comment des émotions comme la chaleur, le froid, mais aussi le désir, l’anxiété et la colère entretiennent un lien étroit avec la nature et le corps. La nature fait partie intégrante du récit.

A propos Noemie G 50 Articles
Maman de deux franco-suédoises, j'ai à coeur de mettre à profit mon expérience et de partager mes impressions sur la Suède, conseils et idées de sorties !

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