Dans l’œil du cyclone : Gestion de crise à l’ambassade de France

Fanette Caudron
©Richard Forsén

Vacataire au service des affaires sociales, de santé et d’emploi à l’ambassade de France, Fanette Caudron est mobilisée depuis le début de la crise du coronavirus, et suit avec attention l’évolution de la situation en Suède. Elle a accepté de partager ses impressions avec la Suède en kit.

 

En quoi consiste votre travail habituellement ?

Le travail du service des affaires sociales auquel je participe en tant qu’adjointe, s’articule autour de trois missions principales : répondre à des commandes (notes d’analyse et questionnaires) émanant du ministère des Solidarités et de la Santé et du ministère de l’emploi ; organiser les visites officielles des institutions françaises en Suède pour étudier de plus près une politique suédoise et s’en inspirer ; et préparer des « Chroniques nordiques », élaborer une revue d’information spécialisée centrée sur l’actualité sociale en Europe du Nord et transmise aux ministères de tutelle ainsi qu’aux ambassades des pays nordiques. Le service des affaires sociales appuie régulièrement les autres services de l’ambassade selon les besoins.

 

Quelles répercussions a la crise du coronavirus sur le travail de l’ambassade ?

En une ou deux semaines la situation a évolué très rapidement. L’Ambassade a basculé vers une configuration d’urgence, avec une cellule de crise mobilisée en permanence, notamment au niveau du consulat. Celui-ci a été très sollicité par des ressortissants français ayant besoin de documents et/ou souhaitant regagner la France. Depuis mi-mars, nous sommes tous passés au télétravail, même si c’est un réel défi pour des questions de cybersécurité. Le rythme s’est globalement accéléré et intensifié, avec beaucoup de questions et de commandes de notes et d’analyses en urgence.

 

À quoi ressemble votre quotidien depuis le début de la crise ?

Je travaille depuis la maison, et l’essentiel de mes missions consiste dans la veille et l’analyse de l’évolution de l’épidémie et de ses conséquences en Suède au jour le jour. Je suis quotidiennement les différentes conférences de presse des autorités et rédige un point de situation détaillé, incluant par exemple statistiques et bilans. Le service presse de l’Ambassade couvre de son côté les réactions politiques et les retombées médiatiques, et le service économique tente d’ajuster les prévisions économiques. Ces différentes synthèses sont ensuite compilées par la Chancellerie afin de donner aux autorités françaises une analyse précise et nuancée de la situation. L’objectif est que la France puisse s’inspirer des différentes stratégies à l’étranger pour le cas échéant s’adapter, par exemple en matière de dépistage ou de règles de distanciation sociale dans les lieux publics.

Ambassade de France à Stockholm
©Envel Le Hir (CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=81840249)

Quels sont les plus grands défis auxquels vous êtes confrontée actuellement ?

En raison de l’approche différente choisie par la Suède, qui a suscité beaucoup d’incompréhension, il est très important de fournir un travail d’analyse approfondi et c’est là que l’Ambassade a un rôle primordial à jouer. Pour moi, c’est très formateur sur le plan professionnel car il s’agit de fournir la formulation la plus précise possible, dans la concertation de l’équipe et entre différents services.

Sur le plan personnel, je trouve que le télétravail a de nombreux avantages, mais il est difficile de “déconnecter” une fois la journée terminée, d’autant que le coronavirus est partout dans l’actualité avec une pression médiatique très forte. L’autre inconvénient de taille qui est lié aux règles de distanciation sociale et au passage à un mode de vie plus sédentaire. Enfin, il existe une grande part d’incertitude concernant la levée des restrictions ; je ne sais par exemple pas quand je pourrai rendre visite à ma famille en France….

 

Comment envisagez-vous l’avenir ?

Je pense que le suivi du coronavirus va constituer une part importante de notre travail à l’Ambassade pendant plusieurs mois. Il va être primordial de suivre les conséquences à long terme de la stratégie suédoise sur les plans sanitaire, social, économique et politique. Pour ma part, j’ai le sentiment qu’un retour à la “normale” va prendre beaucoup de temps et que les règles de distanciation sociale et d’hygiène vont modifier durablement nos habitudes de vie. Je reste cependant optimiste car les élans de solidarité, la mobilisation des gouvernements et la modification des comportements individuels montrent que nous disposons des ressources nécessaires pour surmonter cette crise.

 

Pour aller plus loin :

 

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.